La force de l’œuvre de Franck Lestard est de conjuguer prégnance des corps, animalité et dilution, destruction, fragilité. Les corps qu’il dessine, qu’il sculpte ont leur densité et sont menacés de délitement, d’engloutissement, d’enfouissement. Une transparence les travaille, une diaphanéité les efface : celle de la paraffine ou du silicone de ses sculptures, celle du papier adhésif coloré, celle des coulures de l’encre pour ses dessins. Le travail de Lestard explore ces divers modes de l’effacement. D’où son intérêt, à un moment, pour ces écrans graphiques avec lesquels jouent les enfants et où l’image s’efface.

La vigueur et l’exactitude du dessin, le côté archaïque et puissant des corps se doublent de la transparence, du déséquilibre, de l’enfouissement. Telles sont les modernes vanités de Lestard. Anhistoriques, elles renvoient à la condition humaine, à son mal être, à sa déréliction. Franck Lestard lui donne figure.

Jean-Pierre Mourey, extrait de Corps et labilités selon Franck Lestard.